Projet N°01
Données et analyses dialectologiques du syntagme prépositionnel en kabyle
01/03/LMDT/CRLCA/2021
Dr. HASSANI Said
- Mourad Amirouche(Attaché de recherche, CRLCA)
- Hassani Said(MRA, Université de Béjaia)
- Iggui Saliha(MRA, Université de Béjaia)
- Boubetache Amirouche(Doctorant)
Etat d'avancement du projet
Projet N°02
Asefrek n tmaziɣt : asumer i usebded n talɣatamsisɣelt
02/07/LMDT/CRLCA/2021
Pr. Rabehi Allaoua(Directeur de recherche)
- Pr. Tidjet Mustapha(Directeur de recherche)
- Aissou Ourida(MRA)
- Ouatah Lynda(Chargé de recherche)
- Ayad Salim(MRA)
Tutlayt tebded ܵɣef sin n yidisan : Aẓayer d wammud. Tamaziܵɣt assa, tla aẓayer unṣib di tmurt-nneܵɣ. Yeggra-d usebded n wammud iwakken ad ttunefken wallalen iwatan i usemres n tutlayt deg yal aḥric : Tasensegmit, taywalt, tussna, tameddurt tatrart. Iswi d asemres n tutlayt deg yal aḥric, tutlayt tesra i wallalen-nni iwakken ad tesssiweḍ ad d-tessenfali yal tikti. Iwakken ad d-tessenfali, ilaq uslugen deg yal aswir n tܵɣessa : Ilaq uselܵɣen n tutlayt.
Aselܵɣen d asebded n talɣܵiwin iwatan yal tagnit n tmenna d tira n yiḍrisen i tebɣu tili tsekka-nsen, i tebɣu tili tewsit-nsen, deg yal aswir n tܵɣessa n tutlayt. Iswi n usenfar-a d tagmi d uslugen deg yiswiren-nni, i usebded d usumer n yiwet n talɣa tamsisܵelt : Tira, tasnalܵa, taseddast, tasnamka, amawal (asegzawal). Taggara ad yili umahil n tsenest, d ammud n yiḍrisen ufrinen (d tisulal n usemres n tutlayt).
Etat d'avancement du projet
Projet N°03
L’enseignement-apprentissage des éléments phraséologiques de la langue amazighe au collège : quelques propositions didactiques
03/05/ LMDT/CRLCA/2021
Dr. Hamdi Naima (MRA)
- Bennadji Hayat(MRA)
- Sadoudi Oumelaz(MRA)
- Meziani Yacine(Chargé de recherche)
Le projet axé sur l’enseignement-apprentissage des éléments phraséologiques a été lancé en 2021, avec pour objectif principal d’explorer les approches pédagogiques efficaces pour l’enseignement de ces éléments linguistiques complexes. L’équipe de projet est composée de quatre membres dévoués, s’est engagée dans la recherche et la réalisation de ce projet.
Au terme de trois années de travail, le projet a généré des résultats significatifs. Plusieurs publications académiques ont été rédigées et publiées. Une autre réalisation majeure de ce projet est la conception d’une application de données web dédiée aux expressions figées. Cette application vise à offrir un outil pratique accessible pour l’apprentissage et la compréhension des expressions figées. Enfin, le projet a également abouti à la soumission de plusieurs propositions d’articles en cours d’évaluation, qui peuvent contribuer à l’enrichissement du projet.
Etat d'avancement du projet
Projet N°04
Les rites agraires dans les sociétés berbères : (Kabyle et Chaoui)
01/04/CA/CRLCA/2021
Dr. Saou Nabil (MRA)
- Bellal Nouredine(Attaché de recherche)
- Fetissi Fatah(Attaché de recherche)
- SAIDANI Massinissa(Chargé de recherche)
- YAKOUBEN El Manaa(Attaché de recherche)
L’activité agraire dans les sociétés berbères : (Kabyle et Chaoui accompagnée de systèmes de représentations sociales, croyances, et rites. Des ethnologues français, tels que Jean Servier, Genevois, Masquerai, Basset, ont étudié la relation entre l’homme berbère, sa terre, et son environnement naturel depuis le XIXe siècle. Les sociétés berbères, notamment en Kabylie et dans les régions chaouies, ont historiquement structuré leurs activités agricoles selon un calendrier agraire précis. Ces pratiques rituelles, qui caractérisent les sociétés paysannes berbères, reflètent des représentations liées au temps et à l’espace.
Afin de comprendre la persistance de ces rituels, la problématique de l’étude pose plusieurs questions essentielles. Comment ces pratiques sont-elles perçues dans les sociétés actuelles, en particulier en Kabylie et dans l’Aurès ? Comment se manifestent-elles face aux grands bouleversements sociaux des sociétés amazighes ? Comment le patrimoine immatériel ancestral peut-il être valorisé par de nouveaux acteurs sociaux tels que les associations, les comités de villages et les médias ?
Les objectifs du travail englobent la compréhension des mutations et de la dynamique sociale entourant les pratiques rituelles, la démonstration des différences entre les rituels et les pratiques agraires des sociétés kabyles et chaouies, ainsi que la tentative de valorisation et de préservation du patrimoine rituel agraire par des acteurs contemporains tels que les associations, les comités de villages et les médias.
Etat d'avancement du projet
Projet N°05
Tabous et interdits dans des familles de Kabylie (Pratiques interdites au sein de familles kabyle, corpus et analyse)
02/08/CA/CRLCA/2022
MOUSSOUNI Abdelghani(Attaché de recherche, CRLCA)
- MECHAOUR Mohand (Chargé de recherche)
- HOUARI Mohamed(Chargé de recherche)
- IDIR Zahoua(Chargé de recherche)
- ASSIAKH Farid(Chargé de recherche)
Ce sujet de recherche relève du domaine de l’anthropologie de la religion et de la symbolique. Il traitera la question des interdits et des tabous au sein des familles dans la région de Kabylie. La société kabyle comme d’autres civilisations ont été traversées par des interdits et des tabous, touchant pratiquement tous les domaines de la vie domestique (Alimentation, parenté, vestimentaires,etc,). Cette question faut-il la mentionner a été rapportée par beaucoup d’auteurs (Bourdieu ; Rahmani ; 1936, Lacoste-Dujardin; 2008, Makilam ; 2011), ceux qui se sont s’intéressé à la culture algérienne et kabyle en particulier. Toutefois ces interdits et ces tabous n’ont été cités qu’une d’une façon disparate sans pouvoir les trouver sous un seul recueil.
Comme nous l’avons signalé à maintes reprises, la société kabyle était frappée par un ensemble de tabous et d’interdits à l’instar des autres cultures et civilisation humaines. Ils touchent l’ensemble des domaines de la vie domestique. Toutefois, quelques tabous et interdits semblent être partagés par plusieurs cultures – africaines en majorité-, mais certaines d’autres de ces prohibitions marquent des particularismes et des particularités propres à la société kabyle. La question des tabous et interdits, combien centrale dans la société kabyle, a suscité l’attention des chercheurs algériens et non- algériens. Loin de viser l’exhaustivité, nous nous contenterons de présenter une petite synthèse de quelques travaux qui semblent pour nous fondamentaux pour notre projet de recherche et sur notre nouvelle problématique. Même s’il paraisse classique aux lecteurs, il faut dire que les travaux de l’ethnologue SLIMANE Rahmani méritent d’être cités. Rassemblant les trois articles parus à la Revue Africaines simultanément en 1937, 1939 et 1949 autours d’un livre qui porte comme titre « Coutumes de Kabylie, Fiançailles-Mariage-Grossesse- Naissance paru en 2012 à l’édition Tafat, ce travail récite les différents tabous et interdits qui s’observent lors des épisodes et stations de la vie des Kabyles. Après un travail très fouillé, Rahmani nous décrit densement l’ensemble des pratiques courantes voire obligatoires que chaque famille doit respecter lors des stations suscitées. Nous n’envisageons pas répéter ici toutes les pratiques mais ce qui nous intéresse le plus est la perception de l’ethnologue envers ces pratiques. Rahmani considère ces pratiques comme relevant de l’ordre de la superstition. Elles sont des pratiques superstitieuses, inutiles voire même dangereuses. Il espérait que ces pratiques disparaissent et que la population recourt à des pratiques logiques et appellent les spécialistes (Rahmani, 2012: 48).
Comme nous pouvons facilement le constater, Slimane Rahmani se range au côté des ethnologues et anthropologues classiques (Frazer) qui ne voient derrière ces pratiques que la superstition. Il les considère inutiles et dangereuses et appelle à les dépasser. Sans le dire explicitement comme l’ont fait les prédécesseurs, les évolutionnistes surtout, Rahmani considère lesdites pratiques comme l’héritage et les survivances d’un stade particulier de civilisation, suivant les propos d’Arnoled van Gennep. Si RAHMANI a montré l’existence des interdits et tabous dans différents domaines de la vie domestique, l’ethnologue française Germaine Laoust-Chantréaux a sous-estimé leur ampleur en sous-entendant que « ces interdits étaient surtout liés au travail agricole ou artisanal, notamment au tissage » (Laoust-Chantréaux 1990, p. 38). Selon l’auteur toujours, les interdits sont liés à certaines activités économiques et le propre de quelques lignages. Selon ces dires, nous pouvons conclure à première vue que les interdits et tabous sont le propre des sociétés sous-développés qui vivent encore de l’agriculture et de l’artisanat. Autrement dit, ces prohibitions n’ont aucune existence et ne sont plus observées dans les sociétés avancées et industrielles. Nous pouvons présumer aussi et selon toujours ses propos que le lignage des marabouts, à titre d’exemple, n’observe pas ces interdits sous prétexte qu’ils n’exercent pas les activités sous nommées. Il y a lieu de lire une question de classe selon la perception marxiste.
Dans le même sillage que Laoust-Chantréaux, Dahbia ABROUS a écrit dans un article paru dans l’Encyclopédie berbère que « la croyance en ces interdits est, aujourd’hui en voie de disparition à cause du recul très net de l’agriculture et de l’artisanat traditionnels » (Abrous, 2010 : 4540). Cela sous-entend que la transgression de ces interdits est monnaie courante surtout pour les personnes aux statuts élevés et les plus instruits. Cela pourra insinuer encore que le développement économique (industrialisation) et toute mobilité sociale entraînent automatiquement l’abandon et la transgression de ces interdits. Face à ces allégations, et tenant compte de la dynamique qui caractérise notre société -qui se situe à mi-chemin du développement- la question centrale de notre recherche est : Comment certains tabous-interdits se perpétuent t’ils encore aujourd’hui ? Par quels processus de transmission ces interdits-tabous ont assuré leur pérennité ?
La question de la perpétuation et pérennisation des tabous-interdits nous mène ici et automatiquement à la question de la transmission de ces prohibitions, transmission culturelle, disons-nous. Le recours à la notion de transmission chère aux anthropologues et « que l’on retrouve dans les taxes les plus datés de notre discipline » (Berliner, 2010 : 3) est importante parce qu’elle nous permet de déceler plusieurs éléments. Elle est intéressante parce qu’elle nous donne l’occasion de saisir les contextes, marqués ou non marqués ou ces prohibitions sont communiquées ou apprises (famille, entourage, école etc). Le deuxième élément qui demeure fondamental est celui des acteurs qui participent et d’étudier leurs interactions. Nous finirons par le dernier élément qui est le processus ou plutôt les processus par lesquelles la continuité soit rendu possible. On ne peut résumer ces trois éléments que par ce que David BERLINER a écrit en disant que « la transmission nous invite à penser ces mécanismes complexes qui lient les individus et rendent possible la perpétuation du culturel.
Etat d'avancement du projet
Projet N°06
Développement d’un système de reconnaissance automatique des caractères et de documents amazighes
02/06/TTTAL/CRLCA/2021
Dr. SADOU Malika(MRB)
- Dr. Bousba Nassima(MRB)
- Kemiche Mokrane(Attaché de recherche)
Dans nos jours, l’utilisation des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) est devenue primordiale pour le développement et l’évolution des langues. Ainsi, grâce aux progrès récents de la puissance informatique, de nombreuses techniques de reconnaissance de l’écriture, basées sur la technologie moderne ont été développées pour l’évolution de diverses langues. Néanmoins, le traitement automatique de Kabyle reste un domaine de recherche jeune. L’une des technologies prometteuses pour l’intégration de Kabyle dans les systèmes d’information est la technique de Reconnaissance de Caractères (OCR). Cette technologie est extrêmement utile, car elle permet de convertir des documents imprimés ou scannés en fichiers dans un format éditable. Concrètement, c’est un outil qui sert à numériser les documents imprimés, afin de les rendre plus accessibles, organisés et sécurisés. Le traitement OCR est donc une technologie très utile dans le domaine de traitement automatique de la langue kabyle, car c’est l’outil le plus prometteur qui permet de construite des ressources numériques indispensables dans tous de traitement automatique de la langue kabyle, comme les correcteurs d’orthographe et de grammaire, traduction automatique.
Objectifs
• L’intégration de la technologie moderne pour le développement de tamazight.
• Développement des OCR capables de reconnaitre les différents caractères kabyles, et qui permettent par la suite de numériser les documents papiers.
• Contribuer à la préservation de Kabyle, en numérisant son patrimoine littéraire.
Résultats
Développement d’une nouvelle base de données des caractères Latins et Tifinagh.
Propositions des approches de la deep learning pour reconnaitre les caractères Latins et Tifinagh
Concrétisation des approches proposées par des publications scientifiques dans des revues internationales.
Etat d'avancement du projet
Projet N°07
Outils de reconnaissance vocale avec traduction des empreints de la langue amazighe (Le kabyle)
03/10/TTTAL/CRLCA/2023
ZAIDI Ali(Attaché de recherche)
- Asli Larbi(MRB)
- Azzi Mourad(MRB)
- Laouar Abdelhak(Chargé de recherche)
- Idir Lamine(MAA)
- Nabti Hillal
L’utilisation des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) est devenue indispensable pour la survie et l’évolution des langues. La langue kabyle est l’une des rares langues qui a survécu grâce au récit orale, pour cela l’investissement dans ce patrimoine est devenue une obligation vue l’existence d’une vaste base donnée orale soit au niveau de commun voice, radios, réseaux sociaux et chansons. En plus le manque de manuscrits et la non unification des écritures nous ont fait converger à ce dernier.
Objectifs :
Le but de ce projet est le développement d’outils de reconnaissance vocale permettant de transcrire des extraits audios en documents écrits ou sous format numérique exploitable. Ce projet envisage le développement de trois types d’outils breveté de reconnaissance vocale qui vont se baser sur des modèles statistiques, machine Learning, réseaux de neurones approfondis et de l’intelligence artificielle en général.
Etat d'avancement du projet
Projet N°08
Traitement et analyse automatiques de la langue amazighe
04/13/TTTAL/CRLCA/2023
Pr. Slimani Hachem
- SADOU Malika(MRB)
- BERKAI Abdelaziz
- BEDJOU Khaled(MCB)
Ce projet s’intéresse au traitement et l’analyse de textes manuscrits en langue amazighe. Plus spécifiquement, il envisage de mettre en place des solutions de reconnaissance des textes manuscrits en langue Amazigh écrits soit en alphabet latin ou en alphabet tifinagh. Pour ce faire, les membres de ce projet comptent utiliser des techniques informatiques issues de l’Intelligence Artificielle telles que les méthodes d’apprentissage (Machine Learning et Deep Learning).
Les objectifs de projet :
- Etude et analyse des méthodes existantes dans la littérature dédiées au traitement et l’analyse automatiques de la langue Amazighe.
- Développement d’approches informatiques pour la reconnaissance automatique de textes manuscrits en langue Amazigh écrits soit en alphabet latin ou en alphabet tifinagh et de générer des fichiers numériques associés.
- Proposition de méthodes informatiques de traitement et d’analyse de textes en langue Amazighe.
- Implémentation et évaluations des approches proposées.
- Étude de la possibilité de mise en place d’applications concrètes et utiles en se basant sur les résultats obtenus.
Etat d'avancement du projet
Projet N°09
Littérature et arts amazighs: Transécriture, dialogue et enjeux culturels
02/09/LAPA/CRLCA/2023
Dr. Medjdoub Kamel(MRB)
- Dr. Rekad Djilali(MRB)
- Dr. Bennadji Hayat(MRA)
- Hambli Asma(MRB)
Le projet de recherche « Littérature et arts amazighs : Transécriture, dialogue et enjeux culturels » se propose d’explorer la place de la matière culturelle amazighe dans le processus de transécriture entre la littérature et les arts. La culture amazighe implique l’identité amazighe. Et la culture prend ici le sens d’« un tout complexe qui comprend le savoir, la croyance, l’art, le droit, la morale, la coutume et toutes les autres aptitudes acquises par un homme en tant que membre d’une société » (Edward Tylor, 1871). S’il est courant que l’on désigne le rapport qui lie notamment le roman au cinéma ou au théâtre par la notion de « l’adaptation », nous lui préférons la notion de « transécriture » (André Gardiès, 1998), parce que nous considérons qu’elle traduit mieux le passage de l’écriture romanesque à l’écriture cinématographique ou à l’écriture théâtrale. Globalement, elle rend compte du dialogue des écritures et qui suggère un processus producteur de sens. Le projet explore la dimension exclusivement culturelle, voire socioculturelle, dans son intermédialité, pour mettre en valeur ses diverses représentations en rapport à l’identité amazighe (espaces ; comportements ; aspects vestimentaires ; expressions ; us et coutumes ; croyances; pratiques …). Il porte un intérêt particulier à la question fondamentale des enjeux culturels qui résultent de la transécriture.
L’exploration, par une approche comparative, se fera sur trois niveaux. Le premier est dans le sens de la littérature vers les arts, soit des romans à contenu culturel amazigh, qui sont des œuvres d’auteurs amazighs essentiellement, vers le cinéma (cas de l’opium et le bâton de Mouloud Mammeri). Il est aussi question du sens allant de la poésie universelle et d’autres types de textes littéraires (à l’exemple des essais) vers la chanson amazighe (cas des textes de Lounès Matoub et d’Aït Menguellet).
Le deuxième niveau est intergénérique, avec le passage d’un genre littéraire à un autre genre littéraire, soit du roman ou de la nouvelle vers le théâtre.
Le troisième niveau, intragénérique, est à étudier à l’intérieur d’un même genre. Et il se manifeste sur deux niveaux : littéraire et artistique. Le premier concerne le passage du théâtre universel vers le théâtre amazigh (cas de Mohya), le second se traduit à l’intérieur d’un même art, soit de la chanson universelle à la chanson amazighe (Ait Menguellet, Idir), soit dans l’art du tatouage amazigh à travers une étude comparative entre ses expressions chaouies et kabyles.
Ces rapports et interconnexions n’intéressent ce projet de recherche que par ce qu’ils font au patrimoine culturel amazigh, matériel et immatériel, auquel se joint la langue amazighe qui lui est inévitablement associée, la langue étant « une manifestation de l’identité culturelle » (Zarate G., Gohard-Radenkovic, 2003).
Le projet se scinde donc en quatre axes (le roman/cinéma, la chanson, le théâtre et le tatouage). Il devra répondre à la question de recherche suivante : Quelles représentations pour la langue et la culture amazighes dans les rapports entre la littérature et les arts ? Notre hypothèse est que la transécriture véhicule l’identité amazighe en investissant dans la langue et la culture.
Il est attendu de ce projet qu’il éclaire sur l’importance de l’expression identitaire amazighe dans les rapports entre la littérature et les arts et de la transécritrure comme moyen de promotion de l’identité amazighe.
Etat d'avancement du projet
Projet N°10
Littérature kabyle. Approche socio-bibliométrique et sociopoétique
03/11/LAPA/CRLCA/2023
Pr. Salhi Mohand Akli
- Sadi Nabila (MCB)
- Bellal Hakima (MCB)
- Lamri Wahid (MRB)
- Mohand SaidiSaida (MCB)
- Akli Samir (MAB)
Les événements historiques produits durant les deux derniers siècles, comme la colonisation, les résistances armées, le nationalisme, la guerre de libération, l’indépendance, etc., ont engendré des changements dont les conséquences sont tellement importantes que leur impact est déterminant de la reconfiguration de la société. Cette dernière n’a, durant cette période, pas cessé de connaitre des transformations structurelles profondes. Au plan sociologique, l’urbanisation, l’émigration, l’industrialisation, etc. ont été à l’origine des changements ayant affecté les rapports de la population à l’espace et au temps, au travail et à l’altérité. Au plan culturel, l’enseignement, l’appropriation progressive de l’écriture en relation avec l’émergence graduelle de l’individu et le contact plus appuyé avec l’Autre ont eu des incidences capitales à telle enseigne que la culture a connu des transformations qui touchent même au socle social qui constituait le cadre de l’expression et de la vie culturelle.
Comme champ ayant ses marquages structuraux et ses modalités de fonctionnement, la littérature a, elle aussi, connu des bouleversements touchant tous les niveaux de structuration : les agents et les conditions de la création, les matériaux rhétoriques et littéraires des textes et des genres et les instances de réception. Des études, de différentes natures, ont tenté de saisir et d’expliquer les changements qui y sont opérés. Le « passage à l’écrit(ure) » a servi de cadre conceptuel pour apporter des éléments de réponse à cette problématique de changement littéraire, plus largement culturel. Quoique vague et non soumis à une discussion méthodologique, ce cadre a, tout de même, permis de noter l’essentiel des facteurs et éléments de la déperdition de la littérature orale et de jeter des regards explicatifs des conditions et moyens d’émergence des nouvelles pratiques littéraires.
Toutefois, malgré l’existence d’une documentation assez variée et grandissante, la connaissance de l’état de la littérature kabyle reste présentement lacunaire. Les raisons en sont multiples. Les plus importantes se situeraient dans deux niveaux distincts : d’un côté, une méconnaissance bibliographique due à la diversité, l’éparpillement et la position périphérique des organes de création et de transmission et, de l’autre, une tendance lourde d’étude focalisée sur les dimensions textuelles, notamment en ce qui concerne les nouveaux genres littéraires (romans, poésie chantée ou écrite, théâtre, nouvelle). Les conséquences immédiates de cette situation sont inévitablement une présentation fragmentaire de la littérature et une sorte de désincarnation des textes étudiées de leur socle sociologique et anthropologique qui les a permis et portés. L’inexistence d’un panorama aussi exhaustif que possible des textes et des genres littéraires, situés dans leurs contextes historiques et sociaux et présentés suivant leurs positions dans l’institution socio-littéraire, expliquerait grandement cet état de fait. Le manque de visibilité de la littérature kabyle est en grande partie lié à l’absence, notamment ces dernières années, de signalements périodiques de ce qui donne existence sociale et culturelle à cette dernière. Les derniers signalements bibliographiques remontent à la dernière décennie du siècle dernier. Pourtant, une dynamique littéraire (de création, de réception et de débat) s’est engagée depuis une vingtaine d’années et connait de plus en plus de présence (édition, recherche, salons de livres, cafés littéraires, critique, etc.).
Pour apporter une contribution concrète à dépasser cet état de fait, le présent projet entend étudier la littérature kabyle dans deux orientations complémentaires articulées dans une grille globale nommée ici approche socio-bibliométrique et sociopoétique.
La première orientation est d’obédience à la fois quantitative et sociologique. Elle consistera à quantifier les pratiques textuelles et génériques tout en les situant dans leur contexte d’existence, d’émergence ou d’étude (cas des matériaux collectés et transcrits). Plus concrètement, il s’agira de recenser les textes littéraires (oraux transcrits ou écrits) kabyles. Les pointages bibliographiques seront soutenus par des mises en contexte historiques et sociales de telle sorte à mettre en corrélation les variations poétiques avec les variations des représentations sociales. Ainsi, les textes oraux transcrits, par exemple, seront situés aussi bien en relation avec le système poétique traditionnel que leurs contextes et conditions de collecte, de transcription, d’étude et, pour certains d’entre eux, de recomposition et de réécriture. Les textes appartenant aux genres dits modernes (roman, nouvelle, théâtre, poésie chantée transcrite, poésie écrite, etc.) seront répertoriés en déclinant leurs conditions de création, de fabrication, d’édition et de mise à disposition du public et en les situant comme les corollaires poétiques des changements opérés dans les représentations sociales. Cette approche combinant l’objectif bibliographique et bibliométrique et le souci contextuel permettrait de mieux préciser les données littéraires, leur existence et leur évolution. Par conséquent, le panorama socio-bibliométrique, que vise ce projet, sera d’un apport certain aussi bien pour des études externes que pour des études internes.
Dans cet axe, appuyées par des enquêtes et des statistiques, s’inséreront, entre autres et outre le recensement bibliographique périodisé, des études sur la présence institutionnelle des pratiques littéraires, sur la relation entre cette dernière et les postures des agents (auteurs, éditeurs, critiques), des études sur les relations entre le statut socioculturel et politique de la langue et son enseignement, sur la coexistence avec d’autres langues et littératures, sur les contacts progressivement intenses avec l’Autre, sur les évolutions sociales et politiques et les nouvelles pratiques littéraires.
Orientée sciemment vers les matériaux littéraires des textes et des genres et à leur inscription sociale, et s’appuyant sur les données statistiques situées dans l’évolution sociale, la seconde orientation est de nature sociopoétique. L’approche sociopoétique préconisée ici est voulue comme cadre général qui prend en charge l’activité littéraire dans son cadre social en mettant un accent particulier sur la relation étroite entre la création et la réception littéraires et les représentations sociales inscrites dans la chronologie de la société. L’intention d’étude sera focalisée entre autres sur la constitution du système poétique traditionnelle suivant l’état de la transcription des textes et genres oraux dans la recherche et sur l’émergence de nouvelles possibilités littéraires (textuelles, poétiques, sémiotiques, linguistiques) et leur insertion dans le tissu social et dans le cadre institutionnel lui-même en construction. A ce niveau, le concept de « passage à l’écrit(ure) » sera soumis à un examen analytique et critique dans la perspective de montrer et d’argumenter sa capacité à prendre en charge les transformations et changements réalisés dans le processus de transcription, de recomposition, d’émergence générique et d’innovations littéraires. Ce processus (de passage de l’oralité à l’écriture) sera approché concomitamment avec les textualités et les généricités émergentes par le truchement, entre autres, de deux concepts opératoires : la délocalisation textuelle (et ses incidences linguistique, stylistique et générique) et de la contiguïté générique qui questionnerait les zones de rencontre entre l’oralité et l’écriture.